Le viager est souvent perçu comme une solution financière intéressante pour les personnes âgées souhaitant monétiser leur logement tout en continuant à y vivre. Pourtant, selon une étude OpinionWay réalisée en 2020, 85% des personnes ayant des enfants ne se déclarent pas prêtes à vendre leur logement en viager. Ce chiffre contraste fortement avec une autre étude réalisée en 2021, qui révèle que 67% des enfants qui héritent de la résidence principale de leurs parents ont l’intention de la mettre en vente. Comment expliquer ce paradoxe ?
Le viager, une solution mal comprise
Le viager consiste à vendre son bien immobilier à un acheteur, tout en continuant à y résider jusqu’à la fin de sa vie. En échange, le vendeur reçoit une rente viagère et un bouquet, c’est-à-dire un capital versé au moment de la vente. Cette formule présente de nombreux avantages :
- Un complément de revenu : Le vendeur perçoit une rente viagère qui lui permet d’améliorer son confort de vie ou de financer des services d’aide à domicile.
- Le maintien à domicile : Le vendeur conserve l’usage de son logement, ce qui est particulièrement rassurant pour ceux qui souhaitent vieillir chez eux.
- Un outil de financement de la dépendance : Les fonds obtenus peuvent être utilisés pour financer des aménagements du domicile, des soins ou des services à la personne.
Malgré ces avantages, le viager reste mal compris et souvent entouré de tabous. Beaucoup de personnes âgées le perçoivent comme une démarche complexe ou craignent qu’il soit mal perçu par leur entourage.
Les freins psychologiques et culturels
La réticence à vendre en viager s’explique en grande partie par des freins psychologiques et culturels :
- La transmission du patrimoine : Pour de nombreux parents, la résidence principale représente un patrimoine qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants. Vendre en viager est souvent perçu comme une privation de cette transmission.
- La peur du jugement : Certains craignent que la vente en viager soit mal vue par leur entourage ou leurs proches, qui pourraient la considérer comme un choix égoïste.
- Le manque d’information : Beaucoup de personnes âgées manquent d’informations sur le fonctionnement du viager et les avantages qu’il peut offrir. Elles craignent également les démarches administratives ou les éventuels litiges.
Le paradoxe avec les intentions des enfants
Le contraste est frappant lorsque l’on examine les intentions des enfants héritiers. Selon l’étude réalisée en 2021, 67% d’entre eux ont l’intention de vendre la résidence principale de leurs parents après en avoir hérité. Plusieurs raisons expliquent cette démarche :
- Les frais liés à l’entretien du bien : Hériter d’un bien immobilier implique des frais d’entretien, des taxes, et parfois des travaux de rénovation. Pour de nombreux héritiers, ces coûts sont trop élevés et la vente s’impose comme la solution la plus simple.
- Le désintérêt pour le bien : Les enfants ne vivent pas toujours à proximité de la résidence de leurs parents ou ne souhaitent pas s’y installer. Le bien peut également ne pas correspondre à leurs besoins ou à leur mode de vie.
- Le besoin de liquidités : La vente de la résidence permet de transformer le patrimoine en liquidités, ce qui peut être utilisé pour financer d’autres projets personnels ou professionnels.
Le viager, un compromis possible
Face à ce paradoxe, le viager peut être envisagé comme un compromis intéressant. Plutôt que de céder directement la maison aux enfants, les parents peuvent la vendre en viager pour en tirer des avantages financiers tout en continuant à y vivre. Cela peut également permettre aux enfants d’hériter d’une somme d’argent à la place d’un bien immobilier qu’ils auraient de toute façon vendu.
Changer les mentalités autour du viager
Pour que le viager soit mieux compris et accepté, il est important de travailler sur plusieurs axes :
- Informer et sensibiliser : Il est essentiel de mieux informer les personnes âgées et leurs familles sur le fonctionnement du viager, ses avantages et les démarches à suivre. Des consultations avec des notaires ou des conseillers spécialisés peuvent aider à démystifier ce dispositif.
- Dédramatiser la vente en viager : Vendre en viager ne doit pas être perçu comme une renonciation à la transmission du patrimoine. Au contraire, c’est une manière de garantir un niveau de vie confortable tout en offrant la possibilité d’un héritage sous forme de rente.
- Faciliter les démarches : Les démarches administratives liées au viager peuvent sembler complexes. Un accompagnement personnalisé et une simplification des procédures pourraient encourager davantage de personnes à envisager cette option.
Le viager reste une solution méconnue et souvent mal perçue, malgré ses nombreux avantages pour les personnes âgées. Le paradoxe entre la réticence des parents à vendre en viager et la volonté des enfants de vendre le bien hérité montre qu’il existe une marge de manœuvre pour sensibiliser et informer sur cette option. En changeant les mentalités et en offrant un accompagnement adapté, le viager peut devenir un outil précieux pour permettre à chacun de vieillir chez soi, dans la dignité et la sérénité, tout en assurant une transition patrimoniale harmonieuse.
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